Il fallait comprendre qu’il n’y a que deux personnages dans le texte : le voyageur (=Jean Valjean), et l’aubergiste (= « l’hôte »). Quand ce dernier apprend que son client est un ancien bagnard, il refuse de le servir et cherche à le chasser de chez lui.
Attention : sur les 15 points des questions, on enlèvera 0,5 point pour une ou deux réponses non rédigées, et 1 point à partir de trois réponses non rédigées.
I – UN AUBERGISTE SINGULIER (sur 5 points)
1. a) Quelle est la valeur de l’imparfait de la première ligne et des passés simples des lignes 1 à 5 ?
L’imparfait : action d’arrière-plan ou action dans une durée indéterminée ou action en cours d’accomplissement ou action non bornée, non délimitée. 0,5 point
Le passé simple : actions de premier plan ou actions du récit ou successives et limitées dans le temps. 0,5 point
b) Sur quel personnage l’emploi de ces temps attire-t-il l’attention ?
L’emploi de ces temps attire l’attention sur l’aubergiste. 0,5 point (L'aubergiste est le sujet du premier verbe au passé simple.)
2. a) Dans le reste du texte, quel nom reprend le terme d’ « aubergiste » ?
« L’hôte » 0,5 point
b) Quelle qualité peut-on donc attendre du personnage ainsi désigné ?
On peut en attendre de l’hospitalité, ou convivialité, ou sens de l’accueil, ou politesse, ou gentillesse, ou amabilité, ou serviabilité, ou cordialité, etc. 0,5 point
(Si la réponse au a) est fausse, la réponse du b) ne sera pas acceptée, sauf s’il est précisé en b) qu’on parle bien de l’aubergiste.)
3. a) De la ligne 20 à 27 : quelle forme de phrase l’aubergiste emploie-t-il le plus souvent ?
Il emploie la forme négative. 0,5 point
b) De la ligne 28 à la fin : relevez les trois expressions du texte qui caractérisent la manière dont l’aubergiste parle au voyageur.
Ligne 28 : « d’un ton mesuré, mais ferme ».
Ligne 43 : « d’un accent qui le fit tressaillir ».
Ligne 47 : « toujours à voix basse ».
Trois expressions : 1 point ; deux expressions : 0,5 point ; une expression : 0 point.
Expressions mal délimitées (citations trop longues) : 0,5 point au lieu de 1.
4. En confrontant l’ensemble de vos réponses, dites si Jacquin Labarre vous semble vraiment être un « digne aubergiste ». Justifiez votre réponse.
Non : 1°) il se méfie d’emblée du voyageur ; 2°) il refuse tout ce que demande Jean-Valjean ; 3°) il s’adresse à lui de façon déplacée, son ton n’est pas accueillant ou autre réponse allant dans ce sens.
Aucun point si la réponse « non » n’est pas justifiée.
0,5 point si la prise de position est claire et contient une seule justification.
1 point si la position est claire et contient deux ou trois justifications.
0,5 point si la réponse est justifiée mais la prise de position peu claire.
II – UN VOYAGEUR INDÉSIRABLE (sur 5 points)
1. Quelles sont les raisons que donne le voyageur pour justifier sa présence à l’auberge ?
Vous paraissent-elles justifiées ?
Les raisons sont que 1°) le voyageur a faim, 2°) il est fatigué (sous entendu) et 3°) il a de l’argent pour payer. 0,5 point pour deux de ces raisons, 0 point pour une seule. (On acceptera aussi bien ici un simple relevé de citations à la place de l'explication.)
Elles paraissent justes car logiques : une auberge est faite pour offrir le gîte et le repas contre rétribution. (Autres formulations justes acceptées, comme le besoin de repos, de réconfort…) 0,5 point
2. « Je suis à l’auberge, j’ai faim, et je reste. »
Quelle est la relation logique exprimée par la conjonction de coordination « et » ?
La conséquence. 0,5 point
3. Dans la phrase « Mais je meurs de faim, moi » (ligne 29), relevez le terme mis en relief et commentez l’effet produit.
Le terme mis en relief est « moi » ou « je ». (C’est une segmentation de la phrase, mais le nom du procédé n’était pas demandé.) L’effet produit est l’insistance sur son état, ou sa situation, ou son identité : lui, et non un autre, ou l’expression d’une plainte, d’une détresse ou de sa détermination. 0,5 point
4. En vous appuyant sur les réponses aux questions précédentes, qualifiez l’attitude du voyageur.
Le voyageur s’entête, s’obstine face aux réponses de l’aubergiste. (Mais ne pas parler d’agressivité.) 0,5 point
5. Dans l’ensemble du texte, relevez les noms et groupes nominaux utilisés pour désigner le « voyageur »
a) par le narrateur
« Le nouveau venu » (ligne 1)
« L’homme » (ligne 13 ou 21)
« L’étranger » (ligne 28)
b) par l’aubergiste.
« Monsieur » (ligne 12)
« Jean Valjean » (ligne 48)
Pour a) et b) : 1 point en tout. 0,5 si les expressions ne sont pas bien triées entre a) et b).
(L’ajout à ces réponses de pronoms ne sera pas sanctionné, bien qu’on demandait des G.N.)
c) En quoi la dernière désignation est-elle essentielle pour le « voyageur » ?
La dernière désignation est essentielle pour lui : il constate qu’il a été reconnu, ou : identifié. (Bien sûr, la réponse peut être formulée différemment.) 1 point
III – LE FACE À FACE (sur 5 points)
1. Quel est l’enjeu du débat pour chaque personnage ?
Jean Valjean veut trouver un gîte : obtenir de quoi manger et dormir. 0,5 point
L’aubergiste, lui, veut que Jean Valjean quitte l’auberge. 0,5 point
2. Dans les lignes 32 à 40 :
a) Jean Valjean se laisse-t-il faire par l’aubergiste ?
Non, il ne se laisse pas faire. 0,5 point
b) Justifiez votre réponse en vous appuyant sur le type de phrase qu’il emploie le plus souvent.
Il utilise le plus souvent des phrases interrogatives (ou : des questions) (0,5 point), ce qui démontre qu’il n’est pas du tout convaincu par ce que lui dit l’aubergiste (il met en question ce qu’il lui dit) ou : il mène le débat (puisqu'il pose les questions, et que l'autre y répond). (0,5 point)
3. Donnez l’infinitif, le mode et le temps de « Allez-vous-en ».
L’infinitif : s’en aller. 0,5 point (Aller tout court n’est pas accepté !)
Mode : impératif. Temps : présent. 0,5 point même pour « impératif » tout seul ; mais 0 point pour "présent" tout seul.
En quoi cette phrase est-elle importante ?
Cette phrase est importante, car elle dit clairement que l’intention de l’aubergiste est de le mettre à la porte. Ou : Cette phrase est importante parce qu'elle met un terme au débat, à la discussion. 0,5 point
4. En quoi les propos de l’aubergiste trahissent-ils sa mauvaise foi ?
Il lui ment en lui donnant de fausses raisons (par exemple les chevaux qui prendraient toute la place dans l'écurie !) : il accumule les prétextes. 1 point
On pourra à la place de cette réponse (sans l'exemple) faire la liste des prétextes (exemples) avancés par l’aubergiste (2 prétextes : 1 point ; 1 prétexte : 0,5 point). [Réponse incomplète : 0,5 point]
RÉÉCRITURE (sur 4 points)
Lignes 49-50, « En vous voyant… répondu » : Récrivez le passage au plus-que-parfait en passant de la première personne du singulier à la troisième du pluriel.
En vous (ou : le) voyant entrer, ils s’étaient douté(s) de quelque chose, ils avaient envoyé à la mairie, et voici ce qu’on leur avait répondu.
0,5 point pour les deux « ils »
1 point pour « s’étaient douté(s) » (0,5 + 0,5)
1 point pour « avaient envoyé » (0,5 + 0,5)
0,5 point pour « leur »
1 point pour « avait répondu » (0,5 + 0,5)
Pour une ou plusieurs fautes de copie : - 0,5 point
Normalement, il faut un S à "doutés" : participe passé employé avec l'auxiliaire être à la forme pronominale, quand "SE" est indissociable du verbe (“se douter” a un sens spécial, différent de "douter" seul) et quand le verbe est suivi d'un complément d'objet indirect ("de quelque chose"). Mais on n'exigeait pas ces connaissances d'un cas très particulier de l'accord du participe passé à la forme pronominale : référez-vous au point 42 de la Fiche Résumé rouge d'orthographe.
DICTÉE (sur 6 points)
L’homme baissa la tête, ramassa le sac qu’il avait déposé à terre, et s’en alla.
Il prit la grande rue. Il marchait devant lui au hasard, rasant de près les maisons, comme un homme humilié et triste. Il ne se retourna pas une seule fois. S’il s’était retourné, il aurait vu l’aubergiste de La Croix-de-Colbas sur le seuil de sa porte, entouré de tous les voyageurs de son auberge et de tous les passants de la rue, parlant vivement et le désignant du doigt, et, au(x) regard(s) de défiance et d’effroi du groupe, il aurait deviné qu’avant peu son arrivée serait l’événement de toute la ville.
Victor HUGO, Les Misérables
Barème :
- 0,5 point pour les erreurs grammaticales (accords, accent sur « à », "peut" au lieu de "peu", etc.)
- 0,25 point pour les erreurs d’orthographe lexicale (même si la prononciation n’est pas respectée) : "baisa" au lieu de "baissa", etc.
- 0,25 point pour quatre erreurs de ponctuation, majuscules, trait d’union ou accent non grammatical.
On acceptera évènement (avec un accent grave).
RÉDACTION
Imaginez la suite du texte : l’aubergiste raconte la scène à sa femme qui cherche à lui montrer qu’il a eu tort. Votre récit au passé inclura les arguments échangés entre les deux personnages ainsi que leurs réactions respectives.
On attend un dialogue argumentatif dans un récit au passé à la troisième personne (comme dans le texte). L’aubergiste dit ce qui s’est passé. Sa femme cherche à lui démontrer qu’il a mal agi ; et le mari cherche à se défendre.
Barème :
Toute rédaction hors sujet sera notée en dessous de 7.
* Emploi des deux types de texte : narratif (avec paroles rapportées) (2 points) et argumentatif (deux arguments au moins dans les répliques des personnages) (4 points).
* Expression précise et variée des sentiments (3 points).
* Présence de paroles rapportées (styles si possible variés : direct (dialogue), indirect…) (2 points)
* Maîtrise de la langue : respect de la construction des phrases, précision du vocabulaire, orthographe (4 points)
* L’originalité sera valorisée. À l’inverse, les incohérences du récit, le non respect du texte d’origine, pourront être sanctionnés.